Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

THIS IS GQOM ou, quand Durban maltraite la House pour la révolutionner.


Regardez bien ce visage de gamin. Un petiot qui se la joue caillera? Il peut. Cet adolescent au physique encore tendrement imprégné de l'enfance révolutionne la musique. Lui et ses potes de Durban viennent tout simplement d'inventer une nouvelle musique. C'est plutot rare en ce moment et rien que ça c'est énorme. Cinq ans après le footwork de Chicago c' est une autre ville comportant une culture ghetto qui apporte la lumière sur le monde musicale empêtré dans la redite et le revival à tout va. Ras le cul de la House au kilomètre? Go to Durban, South Africa !!!



Comme l'a dit si bien le monsieur en ouverture de la mixtape "INSERT" de Kolè le nom de cette fabuleuse nouveauté se prononce comme l' élément principal de notre Bibendum Clermontois, "GOMME". Le G de Gqom symbolise en zulu le claquement de la langue contre le palais. N'essayez pas je me suis fait une entorse  très handicapante pour le roulage de patin. Question patin le Gqom ne les prends pas pour débouler sur le dancefloor.
Ce style original est donc apparu depuis quelques mois à Durban. Musique au son très lourd et sous influence à la fois africaine et américaine. Cela ressemble à de la house, ça peut avoir le goût de la house mais c'est franchement différent. Le peu que l'on sait du pourquoi du comment c'est de la bouche de cette ribambelle de gamins sud-africain qui innovent comme d' autres jouent au foot ou à la bille. Selon eux le Gqom résulte du très bas débit internet sur Durban et du format MP3 pourri.
Ce n'est pas la première fois que ce pays se fait remarqué sur les dancefloors. Les plus anciens se souviendront de la claque "Township funk" de Dj Mujava. Un truc venu de nul-part qui attira les regards électro sur ce pays sortant à peine de l' apartheid. Un soupçon de Kwaïto avec des synthés new wave flippant au possible. Robert Smith ou Joy Division chez les zulus pour la faire crétin.


Malheureusement la belle histoire se termina en queue de poisson et le bonhomme ne donna plus de réels signes de vie autant boulerversant. Depuis 2008 l' Afrique du Sud était plus connue pour son Kwaïto mué en Bacardi House (Dj Spoko) pour le coté grosse rigolade et le Shangan (Nozinja) pour le coté danse endiablée et remuage de popotin en tout genre.



Mais si dans chacun de ces deux styles cités on peut y trouver un certain plaisir, le Gqom a un truc indéfinissable et terriblement ensorcelant en plus. Peut-être son charme vient de son aspect inquiétant, voir brumeux. Une house au rythme concassé si ténébreuse que cela suffit pour la différencier des autres styles du genre.  Une particularité en commun avec le hit de Dj Mujava qui empêche toutes  caricatures simpliste que l'on attribue habituellement aux  musiques en provenance de ce continent. C'est tellement fait avec  sobriété que s'en est déconcertant de simplicité. Comment n'y a-t-on pas pensé plus tôt ???
Autre caractéristique plus technique musicalement, il n'y a quasiment pas de ligne de basse. Utilisation de sample vocaux maltraités, réduits au minimum pour jouer sur la répétition de ce que l'on peut rapprocher à des onomatopées.  Point commun  avec le footwork. Le Gqom garde la touche  funk du kwaïto mais en isolant ses éléments de base. Il se rapproche aussi  de l' Europe via un  son gonflé et futuriste des beats façon  UK Bass. Élément de modernité absolu. Autre point commun avec notre continent, ces fameuses ambiance anxiogènes et le ressenti d' être en apesanteur qu'il procure. On ne peut que se retourner vers le grime glacial de Logos ou de Mumdance.
La première fois qu'il est apparu c'est évidemment au FWD de Londres. Ce club gigantesque, le plus révolutionnaire  du monde (à égalité avec les repères de la clique Janus à Berlin). Club révolutionnaire  par ses choix de ligne artistique plus porté sur le coté expérimental et avant-gardiste que sur la musique mille fois rabâchée  au kilomètre.

Les fans Londonniens s'empressèrent de nous offrir la première vraie sortie officielle. On remerciera jamais assez Moleskin pour la création du label Goon Club Allstars et avoir ainsi rendu plus accessible cette merveille rafraîchissante et jouissive qu'est le gqom. Avant cela, nos gamins sud-africain se contentait de balancer leurs pépites sur des plateformes mp3 avec juste un peu de promotion via facebook. Allez voir du côté de Kasimp3 et tapez Gqom. C'est une incroyable fourmilière de talent en tout genre. Ils sont combien à faire du gqom? Des dizaines ou des centaines? En tout cas la plus part, par leur talent,  leur imagination et leur technique innovatrice écrasent beaucoup de dj européens mille fois plus médiatisés.
Le premier disque Gqom de tous les temps? Une bombe offert par Goom All Stars en Juin 2015. Son nom: Rudeboyz ep. Ses auteurs : le fameux Rudeboyz et son compère Menchess. 4 titres. 4 merveilles.



Juste après la sortie du ep Rudeboyz écoeure encore tout le monde avec une mixtape déjà culte. Listen HERE !




Deux mois plus tard un autre label fait parler de lui et ce coup-ci il est originaire de l' épicentre du cataclysme Gqom, Durban. Gqom Oh ! qu'il s'appelle. Encore une fois un ep et plusieurs artistes. "The sound of Durban" comporte des titres de Mafia Boyz, Cruel Boyz et surtout, du petit génie en photo sur cet article, Citizen Boy. La particularité de ce ep c'est que Gqom Oh! la joué plus prudent que Rudeboyz. Pour se faire accepter ils ont remixé à la sauce Durban des titres populaires hyper référencés. Un peu comme le footwork de Chicago à ses débuts. De toute façon l' effet reste le même face à autant de talent et d'originalités. Vous seriez surpris par exemple de la relecture prodigieuse qu'ils ont fait subir à la voix trop entendue d' Adele . Rythmique concassée typique et synthés oppressants plus un sample de l' anglaise maltraité jouant sur la répétition. Il n' en faut pas plus pour nous offrir une autre tuerie pour dancefloor.




Gqom Oh ne s' arrêtera pas là en 2015.  Ils annoncent une compilation avec la crème du mouvement. Compilation d' hors et déjà à ranger à  coté des légendaires Bangs & Works de Planet Mu pour le footwork dans le rayon des compiles légendaires symbole d'un genre comme Nuggets , No Wave ou les Hitsville. En attendant ils nous régalent eux aussi  de mixtape plus hallucinantes les unes que les autres comme celle qui est en lecture automatique plus haut et cette dernière produite pour le Unsound Festival.



Si Rudeboyz a tapé très fort avec son titre Get Down dans la catégorie classique d'un genre le meilleur de Citizen Boy n'est pas encore sorti sur disque à ce jour mais il existe. Ce chef d' oeuvre Gqom se nomme "Deep Gqomu" et n'a absolument rien à envier au "Township funk" de Dj Mujava.
Il est téléchargeable ici.

Le Gqom ? La House du futur. On en reparlera à tous les coups dans quelques années.

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