Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant : DJ Rashad et l' ascenssion inéxorable du footwork qui démasque l' empereur Pitchfork.


DWTN et le footwork avecDj Rashad c'est une  longue et très intense passion. C'est icipar làailleurs et dans ces alentours. Et plus encore, iciici avec son fameux top Footwork qu'il me faudra bientôt remettre à jour, et enfin ici. Entre autres...


Alors le voilà le tant attendu "premier" album de Dj Rashad après deux ep géniaux pour le fabuleux et innovant label  anglais Hyperdub (Burial, The Bug, Kode9,Zomby, Hype Williams et la grande Laurel Halo). Si je mets le mot premier entre guillemet ce n'est pas par hasard. Avant de signer chez Hyperdub et ainsi rencontrer  une plus grande notoriété Dj Rashad c'est une multitude d' ep, 4 albums et d' innombrables présences dans des compilations. C'est enfin et surtout pour les fans de footwork comme Dancing With The Noise l'un des créateurs (avec Dj Spinn) du label phare de ce genre, Lit City Trax et sa prestigieuse collection Teklife.
Je l' attendais ce putain d' album de Rashad. Le précédent  "Welcome to chi" avait un peu souffert de la proximité chronologiquement du chef d' oeuvre de Traxman ("Da Mind  of Traxman") et surtout d'une trop grande gourmandise de son auteur (trop de titres parfois anodins). Un disque  difficile à digérer sur la longueur. Rashad était pour moi un génie mais un génie atteignant les sommets que sur court format (singles, ep).
Curieusement,  le tout frais "Double cup" avec son très grand nombre de collaborations (12 titres sur 14) fait à la fois preuve d' une  forte cohésion  et d'un intérêt constant sans tomber dans les travers ennuyeux de que "Welcome to chi". De plus si on se contente d' écouter les titres en aléatoire ils peuvent vous apparaître bien différents. Mieux vaut les découvrir dans l' ordre d' origine. Rashad du fait du nombre d'intervenants partirait-il trop dans tous les sens? Non ! La monotonie parfois présente dans "Welcome..." et le manque de cohésion disparaissent justement grace à une évolution linéaire et lente de titres en titres.  Si le début de "Double cup" est très funky/soul  et planant, petit à petit, les morceaux se transforment et deviennent plus rapide et l' électronique bien plus présente. Nous passons de l' héritage de la musique noire américaines des 60's/70's à celui des dancefloors de Chicago  des 80's.
Cette notion même de passage à travers plusieurs courants et époques est au coeur des raisons de la réussite de ce disque. Ce n'était pas si facile sur le papier mais Rashad et ses potes réussissent haut la main et la raison principale tient tout simplement en un seul mot. Footwork.
Et oui, encore et toujours le Footwork.  Ce fils putassié du hip hop et des musiques issues du dancefloor que certains s' échinent à traiter de sous-genre tout en  expliquant sans même se rendre compte à quel point ce "sous-genre" est en train de bousculer tout sur son passage et ainsi développer une influence grandissante à l' échelon mondial. Allez lire la chronique illogique et carrément stupide des "frileux indie-popeux" de Pitchfork (ici). Les mêmes qui ont attendu bien trop longtemps pour attribuer le label "Best New music" et une réelle prise au sérieux à une production Footwork. Dédain ou  manque de flaire et au final "arrivisme"?
Ils n'ont même pas chroniqué une seule production du grand inventeur de la cause footwork/juke, Rp Boo.
Le pire c'est que beaucoup dans le monde ne se basent que sur Pitchfork, d'où le mépris et la manque de connaissance de la presse française sur le sujet. (Pour plus d'info sur l'effet Pitchfork lisez cet article un peu léger mais tout de même instructif sur le site américains ici).


Revenons à Rashad et le footwork en nous éloignons lentement du sujet Pitchfork. Après tout quand on regarde l' histoire de ce site, site créé par un fan indie-rock typique inconditionnel de Pavement, The Replacements et Sonic Youth, l' approche et le retard Pitchforkien est très symbolique du rapport d'une grande partie de l'indie avec les autres courants et notamment ceux en provenance des dancefloors. Ce phénomène a toujours existé mais l' attitude de Pitchfork face au Footwork en est un parfait révélateur. L'indie dans sa globalité n' en a pas fini en 2013 avec son complexe de supériorité avec les dancefloors et toutes sortes de techniques musicales autres que l'instrumentation "classique" rock (Basse, Guitare, Batterie et songwriting à l' ancienne). Pitchfork est symbolique de l'indie version outre-atlantique et il ne faut surtout pas oublier que pour eux le brassage Rock/Dance est plus récent que pour nous. Leur pays a vu l' éclosion de la culture dancefloor(Chicago et Detroit) mais cette culture ne vient que tout juste toucher un public plus large et surtout le public universitaire indie. Pour eux ce que nous avons vécu début 90's (explosion de l' acid-house et Madchester) n'a quasiment pas d' existence (rappelez-vous cette chose étrange arrivée à Coachella le printemps dernier dont je vous ai parlé à la fin de l' article sur Jagwar Ma et d'un probable revival Madchester).
Ceci explique pourquoi Pitchfork avec d' autres sont si aptes à s' enthousiasmer pour de la pop ou du rock indie revivaliste façon Kurt Vile ou DIIV et passer complètement à coté ou en prenant avec des pincettes de toutes autres musiques trop éloignées du concept indie-rock des origines. Conclusion, à la fin c'est James Murphy et son brassage d'influences parfois trop voyantes mais bien rassurant qui remporte la première place du podium des musiques de danse. Mais là où Murphy nous pondait un magnifique résumé de tout ce qui s' était passé dans la copulation dancefloor/rock en Europe auparavant (alors quasiment inconnu pour les USA)  Rashad et les autres du footwork après avoir adoptés la même démarche avec leur propre culture des dancefloors Chicagoans  vont beaucoup plus loin et regarde vers le futur.

Le Footwork c' est le fruit d'une lente macération de tout ce qui' s'est fait sur les dancefloor de Chicago. Les résultats d'un travail entrepris depuis longtemps. Un travail fait de multiples recherches, expérimentations et de pratiques. En somme, Rashad et ses potes  de Chicago ont construit une énorme raffinerie musicale  dans le but de produire le son le plus pure qu'il soit possible. Un son nouveau. Rashad et la clic de Lid City Trax ont beaucoup voyagé et de ces nombreuses tournées ils ont récupéré puis incorporé au footwork de "Double cup" une plus grande variété de rythmes. Le rythme originel du footwork a vu ses lignes de basses  se polir sans  perdre toute sa force d' attraction très sexy due  à l'une de ses caractéristiques fondamentales, les bourrus BPM poussés à plus de 150-160.  La raideur du footwork originel s'est assouplie au contact des éléments funk et soul bien plus présents comme d' autres genres, jungle, hip hop et house. Son minimalisme de façade a disparu. L' autre caractéristique du Footwork a aussi subi une mutation similaire. En plus de son rythme et sa rapidité,  c'est l' art de la manipulation des partie vocales qui a changé. Les très courtes phrases présents dans les samples vocaux subissent un supplice moins intense qu' auparavant mais ces "bouts" de phrases par la manipulation qui en est faite confèrent toujours au Footwork son rôle de  magnifique poésie urbaine novatrice.

("Feelin' " dans sa première version de "Welcome to shi". La version présente sur "Double cup" explique bien toute la mutation apporté dans cet album au footwork)


Dj Rashad avec son "Double cup" atteint donc les sommets du footwork mais aussi par l' anti-académisme propre au genre  dont il fait preuve sans cesse il nous offre un merveilleux monument musicale érigé en l' honneur de la liberté dans la création artistique.
Dans sa chronique un brin "arriviste" (et pas vraiment consciente à vrai dire de ce qui est en train de se passer avec le Footwork et de ce qui y est écrit)  Pitchfork  a cependant juste sur deux choses.
Primo: Dj Rashad et le footwork dans son ensemble sont l' exact équivalent dancefloor et black aux travaux innovateurs de déconstruction du rock opérés dans la région de Chicago par les grands Jim O'rourke (Gastr Del Sol) et Steve Albini (Big Black, Shellac).
Deuxio: Rashad et le footwork peuvent être amenés dans un proche avenir à revêtir les apparats de génies révolutionnaires comme leur illustre prédécesseur de Chicago, le grand Franky Knuckles. Quand on sait l'importance du monsieur et des conséquence de son oeuvre on se rend compte à quel point la notation et la vision Pitchforkienne deviennent surréalistes et illogiques. Rashad et son footwork  révolutionnaire 8,6. Devancés par les "passéistes" Disclosure (9,1) et "Random acces memories" 8,8 de qui vous savez. Et je ne vous parle même pas du 9,3 attribué au Vampire Weekend et les folkleux de Phosphorescent mieux notés que Rashad avec un surréaliste 8,8. Pitchfork serait-il réac ou populiste  et manque-t-il  cruellement de courage dans sa ligne éditorial? Et, est-ce que Pitchfork ne favorise-t-il la nostalgie et le fénomène rétro actuel?




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